Être en arrêt de travail, une partie de plaisir ?

Mon titre le dit bien. Je suis actuellement en arrêt de travail. Certains se disent sûrement: Wow le rêve ! T’es trop chanceuse !

Moi je réponds à ça: Je retourne travailler n’importe quand et toi tu prends ma place, cadeau. J’ai hâte de retrouver le rythme normal de ma vie avec tout ce que ça implique. C’est mon cerveau qui retarde tout. Pour faire progresser les choses, je dois me reposer. C’est bizarre vous allez me dire et bien c’est pas pour rien que c’est complexe la santé mentale. Mon cerveau a trop d’énergie qui se dégage de mon neurotransmetteur se nommant la dopamine, alors j’ai envie de faire plein de choses, mais je dois me mettre une pause moi-même pour faire ralentir tout ça. Aussi, je suis très irritable et j’ai de la difficulté quand il y a trop de bruits et de stimulis autour de moi.

J’ai des amis avec moi en plus pour m’aider: de la médication, un entourage qui est au courant, une infirmière et une psychiatre qui sont là pour que j’arrive à ralentir.

Ces amis que j’appelle et bien je les vois régulièrement. Je prends de la médication au déjeuner, au souper et au coucher. Je vois mon infirmière une fois par semaine et j’ai également un groupe éducatif sur les troubles de l’humeur un après-midi par semaine. Je vois ma psychiatre environ aux 3 semaines. J’ai aussi des prises de sang régulières à faire afin de voir si le taux de lithium dans mon sang est thérapeutique, toxique ou trop bas. Un vrai horaire de prise en charge médicale. Je me sens choyée d’avoir tous ces services, mais j’aurais aimé m’en passer.

Je ne me sens pas fière d’avoir fait une rechute, mais en même temps je comprends avec mes différentes rencontres que je n’ai pas beaucoup de pouvoir là-dessus. Je ne pourrai pas toujours éviter des rechutes, car cela peut être différent à chaque fois. Chaque rechute peut provenir de différents déclencheurs qui sont différents d’une personne à l’autre aux prises avec la bipolarité. Ce n’est pas simple de savoir comment mon cerveau va réagir à certains événements de la vie ou certains stimulis. Cela peut être aussi bête que le changement de saison de l’hiver au printemps. Mon cerveau s’excite à la vue du beau temps. Cet élément mis avec d’autres peut faire dérailler mon cerveau momentanément. On travaille justement à essayer de prévenir le mieux possible pour l’avenir.

Alors, je ne suis pas heureuse d’être en arrêt de travail, car ce n’est pas mon travail le problème, mais mon cerveau qui est en surcharge d’énergie et qui doit se calmer. Ce n’est pas facile à faire, car un cerveau plein d’énergie équivaut aussi à un trop plein d’émotions et que tout m’affecte. Cela devient compliqué avec mes relations autour de moi, car je peux mal interpréter un message et trop m’emporter. Ce n’est pas ce que je veux, mais mon cerveau détecte des menaces partout et veut combattre. Je suis à fleur de peau, alors chaque réaction ou commentaire provoque en moi une énorme colère que j’ai de la difficulté à chasser.

Je tente donc de trouver des moyens pour me détendre et me calmer quand au fond j’aurais simplement le goût de me défouler en pratiquant une activité physique intense pour libérer le tout. Malheureusement, cela ne m’aiderait pas, car j’activerais encore plus mon cerveau. Alors, à la place, je fais du coloriage, je fais de la lecture, j’écoute de la musique douce, j’écoute une série qui me change les idées, j’écris des textes et je fais de la méditation.

Voici mon quotidien depuis maintenant un peu plus d’un mois. Un petit pas à la fois je suis confiante d’aller mieux, mais la santé mentale reste complexe pour moi et aussi pour mon entourage. Si je trouve cela complexe de me comprendre depuis 5 ans et bien c’est sûr que ce l’est tout autant pour eux. Je commence à comprendre cet aspect. Je tente de faire du mieux que je peux pour me sortir de ce moment difficile et je peux au moins compter sur des personnes expertes en santé et aussi des gens proches qui sont là peu importe.