J'ai changé de carrière pour mon bien-être

Suite à mon diagnostic de bipolarité post-accouchement et mon hospitalisation, mon congé de maternité s’est déroulé en dépression majeure. Cela a été des mois de souffrance et mon retour au travail n’a pas été de tout repos. Je me remettais en question sur ma carrière d’enseignante. J’ai fait 1 mois à mon contrat et j’ai rencontré la direction pour lui dire que je ne me sentais pas capable de faire l’année, car je manquais d’énergie, j’avais très peu de tolérance au bruit et j’avais certains élèves très problématiques dans mon groupe. Elle a donc contacté la commission scolaire et elle a réussi à me trouver un petit contrat sans prise en charge d’une classe.

Je vais être honnête, je n’ai pas du tout aimé ce contrat et j’ai été contente que la pandémie arrive, car il a terminé plus tôt. Je me suis fait questionnée d’où je venais et pourquoi je commençais et je racontais donc ce qui m’était arrivé récemment au niveau de ma santé mentale. Et bien, croyez-le ou non, des enseignantes qui sont censées être cultivées et être dans la bienveillance ont été voir la direction pour se plaindre de ce que je leur avais dit en disant que je leur faisais peur. La direction m’a rencontrée et m’a dit que je ne devais pas parler de ce qui m’était arrivé et elle m’a accompagnée dans la salle à manger afin que je m’excuse de cet incident ! Je n’en revenais pas. Je me suis sentie humiliée devant des femmes que je respectais au départ et à partir de ce moment-là, j’allais travailler à reculons.

J’ai ensuite eu un magnifique contrat d’août 2020 à avril 2021 avec des petits cocos de 4 ans. Ce contrat m’a permis de vraiment enseigner dans le plaisir et a enlevé temporairement mon questionnement sur mon avenir. On s’amusait dehors en arrivant le matin, on faisait des recettes avec des paniers de légumes reçus d’un maraîcher, on dansait, on jouait avec toutes sortes de jeux éducatifs et je leur planifiais des thèmes avec des ateliers à faire. J’étais dans une belle école avec une extraordinaire équipe de collègues. Avant la fin de ce contrat, j’ai eu une petite rechute de ma maladie, car j’ai dû être hospitalisée une semaine pour réajuster ma médication et en arrêt le reste de l’année pour me reposer. J’en avais trop demandé pour ma condition de santé: Entraînement tôt le matin avant le travail, formation universitaire à temps partiel qui prenait tout mon temps libre et enseignement à temps plein. Je suis aussi tombée malade d’une sinusite, je dormais très peu et je ne prenais pas bien ma médication: un cocktail explosif !

J’ai ensuite eu mon poste en août 2021, mais je me suis épuisée au début de l’année afin de placer ma classe qui était nouvelle. J’avais un groupe très difficile et j’étais carrément une pieuvre à essayer d’éteindre des feux. Et là, mon questionnement est revenu. Mon conjoint m’a proposé de regarder les offres d’emploi juste pour voir et il m’a dit qu’il allait m’envoyer celles qui pourraient m’intéresser. Une journée j’ai pris congé pour aller dans un café avec mon ordinateur et j’ai envoyé des CV. 45 minutes plus tard, un employeur m’appelait et m’a proposé une entrevue. J’ai fait 2 entrevues et ensuite j’ai su que j’étais prise en décembre.

J’étais décidée à quitter ce milieu, pas par dégoût de l’enseignement, mais par sentiment d’urgence de prendre soin de moi. J’ai été 2 ans à me demander si je devais trouver autre chose, car je me disais que je ne pouvais pas quitter la profession pour laquelle j’avais étudié 6 ans. Ce qui m’a aidé à y penser sérieusement, c’est que je revenais de ma journée et je pleurais pour ne pas y retourner le lendemain. Je me disais que si jamais c’est difficile aussi l’année prochaine aussi bien quitter tout de suite et pouvoir être heureuse.

Au moment où je vous écris, je me sens épanouie ! Le message que j’ai envie de vous faire c’est: peu importe ce que les gens disent autour de vous, choisissez-vous toujours. C’est vous la personne la plus importante de votre vie et c’est important d’être bien dans son milieu de travail et d’être respecté pour l’être humain que vous êtes.