Choisir entre sa santé mentale et le désir d'un autre enfant
- Cassandra Denault
- 5 juil. 2023
- 3 min de lecture
On peut recevoir un diagnostic de santé mentale tôt dans la vie ou tardivement. Pour ma part, j’ai reçu mon diagnostic de bipolarité suite au choc émotionnel de l’accouchement. On m’a dit que j’étais prédisposée à cela de façon génétique, mais que plusieurs facteurs entraient en ligne de compte également. Je n’entrerai pas trop dans les détails, mais il y avait des personnes avec des problèmes de santé mentale du côté maternel de ma famille et aussi j’ai traversé plusieurs épreuves dans l’enfance et l’adolescence qui n’ont pas aidé à ce que j’aie une santé mentale optimale.
Ma fragilité a donc été déclarée suite à un accouchement difficile, une psychose post-partum et mon suivi en psychiatrie durant 2 mois. J’ai ensuite été dans une période dépressive durant tout mon “congé” de maternité. J’ai fait plusieurs essais de différentes molécules pour arriver à être dans un état assez stable si on peut le dire comme cela.
Mon conjoint et moi avions toujours voulu avoir 2 enfants. J’en avais déjà parlé avec mon psychiatre, mais on allait jamais vraiment dans les détails. Il m’a dit que l’on devait attendre que je sois entièrement stabilisée avant de se pencher sur la question. C’est alors que 2 ans et demi suite à mon accouchement, nous avons fait une rencontre avec lui et mon conjoint pour discuter de la possibilité d’avoir un deuxième enfant. Je désirais être enceinte à nouveau, mais je ne vous cacherai pas que j’avais énormément peur d’accoucher à nouveau.
La conclusion de cette discussion: On avait 1 chance sur 3 que tout se passe bien, 1 chance sur 3 que je refasse la même chose ou 1 chance sur 3 que je tombe dans une phase dépressive “seulement”... Ouin ! Ça nous amenait à réfléchir sérieusement. Je ne voulais pas revivre tout ce par quoi j’étais passée et aussi je ne voulais pas que mon conjoint repasse par le même chemin et maintenant je ne voulais pas non plus que mon enfant me voit dans un état de mal-être.
En plus, mon psychiatre me disait que ma grossesse devrait être programmée, car je devais arrêter complètement et graduellement ma médication pour le premier trimestre et recommencer graduellement au deuxième trimestre et prendre d’autres médicaments afin de prévenir ce qui pourrait se passer à la suite de l’accouchement. On trouvait cela intense…
Après plusieurs semaines de réflexion et de discussions, on a eu l’envie de s’informer pour devenir famille d’accueil. On a assisté en virtuel à une rencontre d’informations. On se regardait de temps en temps avec un air découragé, mais à la fin on s’est dit qu’on allait y réfléchir. On a laissé cela aller et finalement on a pris la dure décision de ne pas poursuivre nos démarches pour plusieurs raisons dont : ma santé mentale est primordiale et adopter un enfant demande beaucoup d’adaptation et d’investissement pour tout ce qui touche le côté institutionnel.
Le deuil d’un autre enfant n’est pas encore fait, mais on l’a entamé plus sérieusement suite à ma chirurgie où je me suis fait retirer les trompes pour ne pas qu’il arrive d’accidents. Être tombée enceinte et devoir avorter m’aurait fendu le coeur en mille miettes. Alors, on a pris cette décision ensemble et on vit notre deuil ensemble. Je me sens mal d’être fâchée quand je vois de beaux bébés arriver au monde parmi mes amis ou ma famille, mais ce n’est pas contre eux… J’en veux à la vie, car je ne comprends pas toujours pourquoi j’ai dû vivre une autre épreuve quand je trouvais que j’étais passée à travers beaucoup de choses déjà.
Je me réconforte en me disant que la vie a d’autres plans pour moi et que je ne les connais peut-être pas tous encore. Je me dis aussi que je ne serais pas la personne que je suis en ce moment, désireuse de conscientiser les gens autour de moi à la réalité de la santé mentale et de vouloir changer les choses à ma façon une action à la fois.







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